Anthony Body est fondateur et gérant d’Extrabat, le premier fournisseur de logiciels pour le secteur piscine. En 2003, à la tête d’une entreprise de construction et de trois magasins, il décide de digitaliser l’entreprise, dans le double objectif de gagner du temps et d’améliorer la relation client, tout en gardant un oeil sur la performance. Motivé pour optimiser ses pratiques, il est d’ailleurs le premier piscinier en France à être certifié NF Service, en 2007, juste avant de vendre son entreprise. Pour rappel, la marque NF Service est une marque de certification Afnor volontaire, fruit d’une démarche de professionnels décidés à prendre de réels engagements vis-à-vis de leurs clients.
Cette expérience de digitalisation réussie, ainsi que le parcours de certification, très formateur pour Anthony Body, donnera naissance au premier logiciel Extrabat Piscine, bientôt suivi par des déclinaisons pour le paysage, le bâtiment, le chauffage et la menuiserie. Plébiscité et multi récompensé par la profession (1700 clients pisciniers, soit environ 55% du marché), ce logiciel a profondément transformé en 20 ans la gestion des pisciniers grâce à des outils toujours plus performants.
Idées Piscine : Qu’est-ce que la digitalisation peut apporter aux professionnels ?
Anthony Body : elle leur permet d’optimiser tous les secteurs. Par exemple, pour suivre les étapes d’un processus classique d’une construction, un logiciel va permettre de créer un devis, de le faire signer électroniquement, de passer les commandes fournisseurs, de planifier le chantier, de communiquer avec le client pendant toute la durée des travaux via un espace client, puis de facturer. En dehors de cette gestion de l’activité, c’est aussi un outil qui permet de contrôler le stock, les relances clients etc. A Extrabat Piscine, nous avons décidé de proposer ces services sous forme de briques, pour que chacun soit libre de choisir les outils qu’il veut utiliser, et en fonction de son budget. L’ensemble comprend 16 modules et 200 fonctionnalités, mais surtout 10 connecteurs piscine, qui interagissent avec des bases de données fournisseurs, la réalité augmentée, les déclarations de travaux… Le professionnel peut suivre et gérer intégralement son activité en un seul endroit, avec un logiciel en mode web, consultable sur PC, Mac et smartphone.

IP : Concrètement, quels sont les avantages pour un piscinier ?
AB : Ils sont très nombreux ! Le gain de temps pour commencer, et on sait que le temps est une donnée centrale pour un piscinier la majeure partie de l’année. Gestion client, gestion commerciale, comptabilité, agenda, SAV, services, espace client, logiciel de caisse… un logiciel permet d’organiser le travail. Mais surtout d’avoir un planning partagé avec l’équipe et les sous-traitants, et d’être très réactif. Cela change tout, surtout quand on considère la place du SAV et de la gestion client dans ce secteur. Dans notre vie personnelle, on apprécie de signer en ligne, d’avoir des rappels de rendez-vous et d’être bien traité. Pourquoi ne pas offrir cette expérience à nos clients ?
L’autre gros avantage du logiciel, c’est l’aspect gestion administrative, qui est faite dans les règles de l’art, avec les bonnes pratiques. Les délais liés aux devis ou aux factures, les acomptes, tout est prévu et cadré, la marge d’erreur devient très faible. Un autre avantage est qu’il est plus facile d’attirer les jeunes talents avec une entreprise digitalisée. Indicateurs, ratios, applications mobiles donnent une vision d’ensemble. Les acheteurs aussi viennent de toutes sortes de secteurs, or l’outil numérique est universel.
Extrabat n'a rien inventé ou presque, puisque tout nous a été demandé par les professionnels
IP : Comment décidez-vous des fonctionnalités du logiciel ?
AB : Depuis le début, on co-construit le logiciel avec nos clients. Extrabat n’a rien inventé ou presque, puisque tout nous a été demandé par les professionnels. Ce sont nos clients qui nous donnent notre valeur ajoutée. Par exemple, on n’avait pas vocation à développer des applications mobiles. Mais le besoin est remonté du terrain. Prendre des cotes pour un liner, gérer les interventions terrain sans papier ou avoir accès à tous les documents sur son smartphone, ces demandes sont remontées et nous avons développé des applis pour y répondre. Et pour nous transformer sans cesse et répondre nos clients, Extrabat compte 17 développeurs, opérationnels du lundi au samedi, et seulement 3 commerciaux.

IP : A quelle hauteur la profession de pisciniers est-elle digitalisée d’après vous ?
AB : Quand j’ai créé Extrabat, je savais que 20% des pisciniers se digitaliseraient très vite, et que 20% résisteraient au changement. Cela laissait 60% à convaincre de s’équiper et de changer ses pratiques pour devenir plus performantes. Or, 15 ans après, si j’extrapole à partir de notre part de marché, je pense qu’il reste entre 30 et 40% d’entreprises qui ne sont pas encore digitalisées. Il faut les convaincre, car les entreprises qui fonctionnent encore avec des tableaux excel dépendent souvent de la mémoire et des décisions d’un seul dirigeant, et sont donc fragilisées. Pour ceux qui souhaitent vendre leur entreprise à court ou moyen terme, c’est un handicap. C’est un marché d’autodidactes dont beaucoup résistent au changement.
IP : Pourquoi se digitaliser maintenant ?
AB : J’ai envie de dire à tous les pisciniers qui nous lisent, “Et si c’était le moment de prendre les bonnes décisions ? Vous êtes en période creuse, allez-y ! L’automne est une période de réflexion stratégique, le bon moment pour optimiser tout ce qui est possible. Régler le curseur de la qualité, reprendre la main sur le business, soigner la relation client. Vous avez du temps, profitez-en pour découvrir ce qu’un logiciel peut vous apporter, et vous former à son utilisation”. La plupart de nos prospects utilisent plusieurs outils sans liens entre eux. On leur dit souvent “Vous avez déjà un Extrabat, mais il est en morceaux. Vous mettez de l’argent dans une mini pelle, un camion, des outils de qualité, mais qu’est-ce que vous investissez dans votre organisation ?” Pour progresser, il faut mettre l’outil de gestion au même niveau que l’outil de production.
Je veux dire aussi à ceux qui pensent à transmettre leur entreprise, qu’une vente se prépare, souvent 3 à 4 ans à l’avance. Le logiciel fournit des données chiffrées sur l’entreprise qui sont claires, concrètes, et plus lisibles qu’un bilan. Pour un acheteur, c’est rassurant. D’autre part, on préfère acheter une entreprise dont le fonctionnement est organisé et accessible à tous, plutôt qu’une entreprise qui tient sur une personnalité qui est la seule à bien la connaître. Alors pour que la vente se passe bien, il faut soigner l’emballage du cadeau, c’est-à-dire montrer une entreprise organisée, fonctionnelle, respectant le cadre législatif et les bonnes pratiques.
Image du haut © Charente Libre
Plus d’infos : https://www.extrabat.com/piscine/